PLANÈTE CHEFS - Alan Geaam (Liban)

Alan Geaam, Alan Geaam (Paris)

Le rêve français

Alan Geeam est un « citoyen du monde » : de parents libanais, né au Libéria en 1975, il a vécu sur trois continents, des Etats-Unis au Liban, en passant par le Canada, l’Italie et la République Tchèque. Une partie de sa famille est Américaine, une autre vit en Australie, tandis qu’il s’est installé en France. En reprenant le 19 rue Lauriston, où officièrent Guy Savoy puis Benallal Akrame, Alan Geaam peut enfin déployer tout son talent : raffinée, élégante, sa cuisine gastronomique est aussi très personnelle, subtilement originale, et marquée par son héritage cosmopolite, le Liban avant tout. Ses premiers pas derrière les fourneaux commencent avec sa mère qui passe des heures dans la cuisine, située juste à côté de sa chambre. Alan Geaam l’observe silencieusement et goûte les plats, à même la gamelle. Il grandit à Tripoli, et quand ses parents décident de partir aux Etats-Unis, dans l’Iowa, Alan les suit à contrecœur. A 17 ans, contre l’avis de sa famille, il décide de repartir seul au Liban : « le pays était en pleine guerre civile, mais il y avait de la vie, des couleurs, des parfums, des goûts, tout ce qui m’animait. Il fallait que j’y sois, peu importe le chaos ! » Quand il fait son service militaire au Liban, c’est en cuisine qu’il opère. Alan Geaam apprend à la fois la rigueur et le respect des ordres, mais aussi et surtout les bases de la cuisine. Poursuivant son rêve, il débarque en France en 1999, dans le but d’apprendre la cuisine française. Sans un sou en poche, ni endroit pour dormir, il ne parle alors pas un mot de français, mais travaille dur pour réaliser son objectif. Il passe quelques nuits dans la rue, et enchaine toutes sortes de petits boulots. Il passe son CAP cuisine en candidat libre puis postule pour des boulots d’apprentis et de commis. Porté par son talent et sa détermination, il évolue naturellement vers la cuisine semi-gastronomique. Son destin bascule un soir, alors qu’il fait la plonge dans un bistrot parisien : le chef se blesse en plein coup de feu. Alan prend les choses en main et assure le service pour toute la salle. Impressionné, le gérant lui propose alors un poste de cuisinier, et décide de l’aider à monter son dossier de demande de titre de séjour et son permis de travail.

« Bien sûr j’ai travaillé dur, mais la France m’a laissé la chance de grandir et d’évoluer à travers ma passion. »